Mais où vont donc les objets trouvés? Que deviennent-ils lorsqu’ils ne sont pas réclamés? Et si ces derniers avaient droit à de nouvelles vies en étant de nouveau adoptés, puis réutilisés? Voilà une thématique on ne peut plus actuelle. Rien de mieux qu’une histoire pour l’aborder. Et si celle-ci permet de donner vie à une panoplie de scènes tout aussi feutrées que colorées, difficile de ne pas acquiescer!
Si ce livre est présenté comme un album (à partir de trois ans) par Québec Amérique, il contient beaucoup de texte et des références à des éléments culturels qu’il sera intéressant d’exploiter avec les enfants en âge de les apprécier. Ainsi, il conviendra aux élèves du premier ou du deuxième cycle du primaire aimant les livres s’apparentant à de petits romans illustrés (l’histoire est tout de même divisée en chapitres). Il rejoindra aussi les enfants sensibles à la question de la différence et de l’unicité ou encore aux créatifs et champions de l’imagination.
Dans cette nouvelle série de Simon Boulerice, il n’y a pas que les objets trouvés qui sont uniques, les êtres au coeur bienveillant travaillant dans la brocante le sont tout autant. C’est d’ailleurs cette galerie de personnages étonnants et attachants qui constitue la principale force de ce livre. On connait l’importance qu’accorde Simon Boulerice à la question de la diversité sous toutes ses formes et il réussit très bien à la présenter aux enfants dans La mitaine perdue. De personnages aux provenances variées à d’autres présentant des intérêts sortant des stéréotypes de genre, l’auteur colore avec finesse son tableau. Il aborde même, toujours avec une extrême délicatesse, la question de la diversité sexuelle avec le personnage de Serge-Sophie, qui préfère être perçu.e comme artiste plutôt qu’en tant qu’homme ou femme. Tous ces modèles épanouis s’offrent comme autant de portes à des discussions multiples, en classe comme à la maison.
Un autre élément intéressant réside dans les clins d’oeil de l’auteur à des références culturelles variées, comme des tremplins vers d’autres oeuvres et formes d’art. C’est une façon ingénieuse d’insuffler à la littérature jeunesse encore plus d’oxygène sous forme de bouffées de culture. Entre la brocantrice vietnamienne inspirée de l’auteure Kim Thuy, la voix de La Castafiore que l’on peut rattacher au personnage du même nom chez Tintin et le concierge au tutu de clefs souhaitant se faire appeler Nijinski, les options d’enrichissement sont nombreuses. C’est sans parler de Madame Bouche-Cancan et de ses leçons de linguistique. Grâce à elle, les nuances entre moufle et mitaine ou manchon et manchot n’auront plus de secrets pour les lecteurs avides de connaissances!
Enfin, on ne saurait passer sous silence la douceur infinie et le caractère harmonieux des illustrations de Lucie Crovatto. Son travail transforme ce livre déjà unique en un objet que l’on se plait à feuilleter longuement pour la caresse qu’il procure à l’oeil. C’est un réel bonheur que celui de baigner dans cet univers le temps d’une lecture et celui-ci ne sera que ravivé une fois la suite publiée.
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