Quand Sammy Sans-Def revient chez lui ce jour-là, ce n’est pas sa fiancée qui l’attend, mais bien un désordre terrible : sa maison semble avoir été pillée par des voleurs et il n’y a aucune trace de Pénélope. N’écoutant que son instinct de chasseur de primes, le rat se met à la recherche d’indices. Le père de sa promise étant riche, il pense d’abord à une demande de rançon. Ou encore quelqu’un qui lui en veut (et le problème, c’est que beaucoup de rats peuvent vouloir du mal à Sammy). Mais quand il se rend compte qu’un troupeau de tarentules a été dérobé le jour même, il se rend compte que le problème est plus complexe que prévu et que cela a peut-être à voir avec l’un des groupes de brigands les plus célèbres de Soutermonde.
Avec ce récit aux allures de western raconté à la première personne par Sammy Sans-Def, Annie Bacon propose une aventure riche en rebondissements et en personnages colorés, le tout avec un visuel dynamique et de chouettes illustrations signées Baptiste Cazin. À dévorer dès neuf ans!
Annie Bacon a un talent certain pour manier l’imaginaire (et on aimerait être dans sa tête parfois, pour voir comment toutes ces idées cohabitent). Ici, dès la première page, en quelques phrases, elle nous transporte ailleurs, dans Trou-Pourri, une ville de rats située dans une caverne et constituée de tuyaux.
« Trou-Pourri est presque jolie en cette fin d’après-midi. Le soleil de la surface perce à travers les trous du plafond de la caverne et dessine de gros ronds jaunes sur les toits de tôle des bâtiments répartis de part et d’autre du tuyau principal. »
Au fil de l’aventure, elle utilise les codes du western, mais revisités : quand il est nerveux, Sammy grignote une racine d’érable, tout comme d’autres cowboys bien connus (coucou, Lucky Luke) mâchouillent une cigarette; des éleveurs, mais de tarentules (beurk, les images!) dans des ranchs; La buvette de Joséphine avec ses joueurs de dés et les chambres à l’étage, autour d’une balustrade, les duels au coucher du soleil. Tout de suite on a des images bien précises, complétées par les illustrations (particulièrement expressives) en noir et blanc qui réussissent à donner vie à la galerie de personnages. En outre, y a encore d’autres clins d’œil, comme les jurons des personnages qui sont des marques de fusil : Remington, Winchester. On aime!
En fait, jusqu’à la deuxième partie, j’étais totalement conquise. Mais le livre est divisé en trois grandes parties, comme autant d’épisodes, et aurait facilement pu être divisé en autant de romans plus courts tellement on est dans des univers différents et qu’il y a un clivage dans le ton (il y a même des illustrations qui ressemblent à des cases de bd qui apparaissent). Si Sammy a résolu un premier mystère dans sa quête à la fin du premier épisode, il n’a toujours pas retrouvé Pénélope et il doit passer par la surface pour rejoindre l’endroit où elle serait retenue. Cette fois, les ennemis sont tout à fait différents : il n’est plus question de rivalités entre rats, mais on voit apparaitre les hiboux, couleuvres et pigeons (surtout), qui s’attaquent à Sammy. Et on est moins dans le style western, ce qui est dommage. Heureusement, on revient dans le monde des rats pour un troisième épisode bien tourné, en chemin vers une finale haute en couleur (et une révélation particulièrement surprenante!).
En bref? Il y a quelques passages un peu plus faibles, mais en général c’est un récit vraiment chouette qui confirme Annie Bacon comme une des grandes autrices de l’imaginaire du Québec. On espère vivement revoir Sammy Sans-Def!
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